UN HOMME DANS LE MATCH
Michel: promotion rapide
Le « revenant » des RedHot a largement justifié la confiance que Vincent a mise en lui.
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Flatté? Il ne réfléchit pas longtemps pour avouer que « oui ». Que Vincent ait aussitôt pensé à lui quand Nono a su qu'il ne jouerait pas, oui ça l'a flatté. L'autosatisfaction ça n'est pourtant pas son rayon, à Michel. Tout mais pas fat.
Souvent « dispo », toujours affable. Le sourire, éternel,
comme arme de
séduction. La mouche blonde qui lui « mousquetaire »
le menton n'est
qu'un leurre pour mettre un brin d'austérité dans la bouille
de cet éternel
grand frère, celui qu'on a envie de suivre partout, dont on sait
bonne
chaque initiative.
Prise de plaisir
Sa réception du coup d'envoi de RHFB-UFSEN, avec « bisquouette
»
enrobée, façon fausse chistera avec retour à l'intérieur,
appelez-ça comme
vous voulez, en dit plus long sur la prise de plaisir avant tout que celle
du
risque insensé. Tentez, tentez, il en restera toujours quelque chose.
Michel Slodecki n'a plus rien - ou tout - à prouver. A trente-deux
printemps, retraite annoncée, on ne peut de toute façon pas
reprendre du
rab sans finir son assiette, sans se régaler à chaque bouchée.
Quitte à sortir
de table dans les arrêts de jeu pour un plaquage appuyé à
l'estomac.
« Quand Vincent a pris les commandes des RedHot, je lui ai
dit: ''J'ai décidé de me me mettre en retrait car c'est difficile
de
cumuler club et équipe nationale; mais si, à un moment, tu
as des
problèmes en huit, je serai là. Si je suis en forme...
» Du coup, après qu'il m'eut appelé, l'autre semaine,
j'ai été pris de
panique le lundi matin en me réveillant car j'ai cru avoir rêvé.
Je ne
savais plus ce qu'il m'avait dit. ''T'es con, m'a-t-il répondu;
on a
rendez- vous à dix heures et demi, magne-toi on t'attend''.
» Je me relance, je suis de nouveau sur le marché »,
rigole- t-il enfin,
se souvenant encore de ces places qu'il avait déjà récupérées,
avant d'être
sélectionné, pour venir assister à la rencontre et
qui lui ont permis de «
régaler un paquet de monde. »
Michel n'a pas foncé tête baissée, grisé par
l'emballage du cadeau de
son ancien coach de club. « Si je ne m'étais pas senti au
niveau,
j'aurais dit non. Mais, avec les bons débuts du RedStar en
championnat et en Coupe d'Europe, je me sentais très bien
physiquement. Ce genre de match, c'est quand même bandant!
Michel Slodecki ne s'est effectivement pas assis dessus, mais sa présence
a pesé sur la rencontre, sa présence au ras ou dans le replacement
à bon
escient a rassuré une équipe qui avait besoin de repères
« pépères » pour
asseoir son audace, pour se décomplexer face aux « world champions
».
A l'annonce de son retour au plus haut niveau, les copains du Red Star
n'ont pas manqué de concocter à Michel une haie d' «
horreurs », manière bourrue de lui témoigner leur affection.
« Ils m'ont un
peu chambré, rigole-t-il benoîtement. Du style: ''T'aurais
mieux fait
de dire que t'étais encore compétitif''. Tu parles, j'avais
vraiment
rien prévu. »
S'il a seulement grignoté samedi soir, après son coup à
l'estomac de fin de
match qui l'a quand même fait vomir sur le coup avant que le toubib
lui
conseille de sortir, Slodecki, en tirant sur sa clope, a un instant
plongé son regard vers un objectif invisible, mais qui, apparemment,
lui
serrait déjà les tripes. L'UFSEN était déjà
loin.
« Tu sais, l'idéal, ç'aurait évidemment été
de gagner nos trois
matchs. Mais ce qui serait génial, ce serait de reproduire au moins
trois fois ce qu'on a réalisé ce soir. Montrer à ces
mecs qu'on est
capables de leur répondre. P..., on a rien à leur envier.
»
Bon appétit!
Thomas GOUST