16/11/2000

 L'HOMME DU MATCH

Et Rachid Taha !!

L'ailier Maupertuiens du XV des Red Hot Fucking Bulls a éclaboussé la rencontre. Appelons ça du talent.


La revanche
Slodecki
L'interview
Rachid

 
 
 

Rachid en action. Tous les taureaux sont au soutien


                  La critique est sans pitié pour qui sort de l'ordinaire. La rumeur, sournoise,
                  qui prend source du côté de Wellington ou dans la coulisse d'un Stade
                  toulousain engoncé dans les épaisseurs de son palmarès, vous balaie en un
                  clin d'oeil du rang des surdoués dans le coin des espoirs déçus. Rachid
                  ne sait même plus où c'est Wellington. Son truc, aujourd'hui,
                  c'est la conjugaison. Présent de l'indicatif. « Je cours, nous courons ».
                  Marre de ces matchs livrés à l'évidence des défaites programmées.
                  Hémisphère Sud? Hémisphère zut!

                  Rachid ? Une comète. Allez! L'élégance à fleur de peau. L'élégance? Ne
                  cherchez pas, on naît avec. L'élégance, nous, on aime. Rachid a
                  ça de différent avec Jonah Lomu qu'il va aussi vite, mais qu'il ne renverse
                  rien sur son passage. Quand celui-ci écrase la porcelaine sur le rail de ses
                  trajectoires - pour les horaires, téléphonez à l'indicateur des chemins de fer
                  néo-zélandais -, celui-là fait tinter le cristal aux entournures de ses
                  crochets.

14 messages sur le portable

                  Et si c'était là le compliment suprême: on a perdu, mais, p..., qu'est-ce
                  qu'on a été élégants. On paierait presque pour que les RHFB ne gagnen
                  plus, ne marque plus, à condition qu'elle nous rassasie de ces élégances.

                  Rachid est par ailleurs un mec tout simple. Samedi soir, après le
                  match, il a enfilé son costume gris FFR, il s'est retenu de consulter son
                  portable pendant l'heure où les médias l'ont assailli. Quatorze messages
                  affichés à minuit moins des poussières. « Les potes: Francis Ntamack,
                  Fabien Tabary, les potes de l'époque Mentor, ils m'ont appelé tous
                  les quarts d'heure, pendant et après le match; mon père: « Bien
                  fiston, tu as eu envie, tu ne t'es pas posé de questions... »

                  Au buffet dînatoire, dans les salons du SDF, il a mangé auprès d'Eric Mammy,
                  Wloch, de Thornary, de Bruley, de Wloch... Il y a aussi grillé une petite clope digestive,
                  mais sans nuire gravement à sa santé.

                  Dimanche à 11 heures, il est monté dans l'avion qui le ramenait à Meylan
                  avec Shirley, sa fiancée, son capitaine, Mathieu Wloch, et madame. Il a
                  signé quelques autographes - « mais pas plus que d'habitude ».

                  A treize heures, il a posé ses affaires à la maison et il a fait des lessives. «
                  Faut que je refasse mon sac pour samedi; enfin, si on m'appelle. »
                  Tu parles.

                  Vers quatorze heures, il est allé promener Roméo, son Labrador, dans la
                  plaine des Argoulets, où il a retrouvé Christophe Foucaud, le kiné du
                  Stade, qui possède un chien de la même couleur.

                  Là, Rachid a parlé à Christophe de cette côte déjà touchée contre les
                  Australiens, à nouveau chahutée contre l'UFSEN; ils en ont conclu qu'il
                  faisait quand même plus beau à Toulouse qu'à Paris. Puis ils ont rigolé
                  franchement en pensant à samedi, au Stade-Vélodrome et à Alain. « Il
                  est fou de l'OM, Alain. »

                  En fin d' « aprèm' », il est allé craquer une bise à sa maman, parce que son
                  père était au stade de Cugnaux, où il entraîne, et où son frère joue. Elle
                  était sûrement fière d'embrasser son garçon qui était dans la télé hier soir;
                  et les voisines...

                  Jean-José parlait de match « quasi-parfait ». Il le connaît, Rachid, Jiji.
                  C'est lui qui l'engueule, depuis deux ans, parce qu'il ne met pas son coup
                  de pied en valeur. Samedi soir, JJ Mayol était encore bien placé, au bas
                  de la tribune présidentielle, près de Jacques Brunel et de Michel Couturas.
                  Rachid l'a vu qui l'a visé du crampon. Deux touches au moins de
                  plus de quarante mètres, autant de bouffées d'oxygène pour les copains et
                  un coach heureux de tant de conseils qui portent leurs fruits.

                  Rachid, pour toutes les raisons ci-dessus évoquées, est
                  facilement reconnaissable. Sinon, il porte un numéro dans le dos. Le 14.
                  Au cas où certains n'auraient pas eu le temps de le voir. On plaisante à
                  peine.