L'HOMME DU MATCH
Et Rachid Taha !!
L'ailier Maupertuiens du XV des Red Hot Fucking Bulls a éclaboussé la rencontre. Appelons ça du talent.
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La critique est sans pitié pour qui sort de l'ordinaire. La rumeur,
sournoise,
qui prend source du côté de Wellington ou dans la coulisse
d'un Stade
toulousain engoncé dans les épaisseurs de son palmarès,
vous balaie en un
clin d'oeil du rang des surdoués dans le coin des espoirs déçus.
Rachid
ne sait même plus où c'est Wellington. Son truc, aujourd'hui,
c'est la conjugaison. Présent de l'indicatif. « Je cours,
nous courons ».
Marre de ces matchs livrés à l'évidence des défaites
programmées.
Hémisphère Sud? Hémisphère zut!
Rachid ? Une comète. Allez! L'élégance à fleur
de peau. L'élégance? Ne
cherchez pas, on naît avec. L'élégance, nous, on aime.
Rachid a
ça de différent avec Jonah Lomu qu'il va aussi vite, mais
qu'il ne renverse
rien sur son passage. Quand celui-ci écrase la porcelaine sur le
rail de ses
trajectoires - pour les horaires, téléphonez à l'indicateur
des chemins de fer
néo-zélandais -, celui-là fait tinter le cristal aux
entournures de ses
crochets.
14 messages sur le portable
Et si c'était là le compliment suprême: on a perdu,
mais, p..., qu'est-ce
qu'on a été élégants. On paierait presque pour
que les RHFB ne gagnen
plus, ne marque plus, à condition qu'elle nous rassasie de ces élégances.
Rachid est par ailleurs un mec tout simple. Samedi soir, après le
match, il a enfilé son costume gris FFR, il s'est retenu de consulter
son
portable pendant l'heure où les médias l'ont assailli. Quatorze
messages
affichés à minuit moins des poussières. « Les
potes: Francis Ntamack,
Fabien Tabary, les potes de l'époque Mentor, ils m'ont appelé
tous
les quarts d'heure, pendant et après le match; mon père:
« Bien
fiston, tu as eu envie, tu ne t'es pas posé de questions... »
Au buffet dînatoire, dans les salons du SDF, il a mangé auprès
d'Eric Mammy,
Wloch, de Thornary, de Bruley, de Wloch... Il y a aussi grillé une
petite clope digestive,
mais sans nuire gravement à sa santé.
Dimanche à 11 heures, il est monté dans l'avion qui le ramenait
à Meylan
avec Shirley, sa fiancée, son capitaine, Mathieu Wloch, et madame.
Il a
signé quelques autographes - « mais pas plus que d'habitude
».
A treize heures, il a posé ses affaires à la maison et il
a fait des lessives. «
Faut que je refasse mon sac pour samedi; enfin, si on m'appelle. »
Tu parles.
Vers quatorze heures, il est allé promener Roméo, son Labrador,
dans la
plaine des Argoulets, où il a retrouvé Christophe Foucaud,
le kiné du
Stade, qui possède un chien de la même couleur.
Là, Rachid a parlé à Christophe de cette côte
déjà touchée contre les
Australiens, à nouveau chahutée contre l'UFSEN; ils en ont
conclu qu'il
faisait quand même plus beau à Toulouse qu'à Paris.
Puis ils ont rigolé
franchement en pensant à samedi, au Stade-Vélodrome et à
Alain. « Il
est fou de l'OM, Alain. »
En fin d' « aprèm' », il est allé craquer une
bise à sa maman, parce que son
père était au stade de Cugnaux, où il entraîne,
et où son frère joue. Elle
était sûrement fière d'embrasser son garçon
qui était dans la télé hier soir;
et les voisines...
Jean-José parlait de match « quasi-parfait ». Il le
connaît, Rachid, Jiji.
C'est lui qui l'engueule, depuis deux ans, parce qu'il ne met pas son coup
de pied en valeur. Samedi soir, JJ Mayol était encore bien placé,
au bas
de la tribune présidentielle, près de Jacques Brunel et de
Michel Couturas.
Rachid l'a vu qui l'a visé du crampon. Deux touches au moins de
plus de quarante mètres, autant de bouffées d'oxygène
pour les copains et
un coach heureux de tant de conseils qui portent leurs fruits.
Rachid, pour toutes les raisons ci-dessus évoquées, est
facilement reconnaissable. Sinon, il porte un numéro dans le dos.
Le 14.
Au cas où certains n'auraient pas eu le temps de le voir. On plaisante
à
peine.